[mise à jour] Mobilisation générale face à la crise des Airbags Takata
Face à l’un des rappels automobiles les plus massifs de l’histoire, la France mobilise constructeurs, assureurs et autorités pour gérer l’affaire des airbags Takata, tandis qu’un nouvel arrêté ministériel est attendu pour renforcer les mesures de sécurité.
La France est confrontée à l’une des campagnes de rappel automobile les plus massives de son histoire avec l’affaire des airbags Takata, à l’origine de graves incidents à l’échelle mondiale. Face à ce risque, les autorités françaises ont déjà pris des mesures drastiques en immobilisant 1,7 million de véhicules sur les routes, via des campagnes dites « stop drive », en attendant la publication prochaine d’un nouvel arrêté ministériel renforçant encore les obligations des constructeurs.
Le futur arrêté devrait imposer aux constructeurs un certain nombre de mesures afin d’accélérer le remplacement des airbags défectueux : mise à disposition de solutions de mobilité gratuites, délais de prise en charge encadrés, stocks minimums d’airbags et suivi des interventions via un système centralisé. En attendant ce texte officiel, l’arrêté du 9 avril 2025 continue de régir la gestion des campagnes.
Des questions délicates sur l’assurance
Malgré la recommandation des constructeurs de ne plus utiliser les véhicules concernés, plusieurs assureurs, interrogés, confirment que les automobilistes continuent de bénéficier de la couverture prévue par leur contrat. La Macif précise ainsi : « Pour des raisons de sécurité, en attendant le changement du dispositif défectueux sur votre véhicule, nous vous conseillons de limiter au maximum son utilisation et si possible de ne plus l’utiliser au regard de la préconisation de Stellantis. Toutefois, vous continuez à bénéficier de l’ensemble des garanties de votre contrat Macif souscrit pour votre véhicule dont les garanties d’assistance. » De son côté, AXA France indique que « les véhicules que les assurés sont invités à immobiliser demeurent couverts par les conditions stipulées dans le contrat souscrit« .
Les constructeurs réagissent et organisent la réparation
Chez Volkswagen France, 49 modèles sont concernés par les rappels Takata. Le constructeur rappelle que « la sécurité de nos clientes et clients est notre priorité absolue« . Depuis 2016, Volkswagen mène des analyses sur les générateurs de gaz pyrotechniques de Takata, en fonction des zones climatiques, notamment pour les DROM plus exposés au vieillissement des airbags. En Guadeloupe, Martinique et Guyane, des campagnes actives ont été menées depuis plusieurs années avec courriers, communiqués de presse, campagnes digitales et affichages.
Du côté de Toyota, on « rappeler à ses clients qu’il est capital de faire réparer leur véhicule. » L’ensemble des réseaux Toyota et Lexus est mobilisé depuis 2015 et le constructeur japonais annonce que 90 % des véhicules rappelés « dans le cadre de nos multiples rappels » ont été réparés. Plus ou moins 70 000 manqueraient encore à l’appel en France. Leurs propriétaires n’ont toujours pas entamé les démarches ou n’ont pas été contactés, souvent en raison d’une perte de contact au fur et à mesure des transactions automobiles.
En France métropolitaine, face aux retards de certains clients, Volkswagen a lancé une relance « STOP DRIVE » dès le 14 février 2025 pour les véhicules équipés d’un airbag Takata dont le remplacement n’a toujours pas été effectué. Une page d’information dédiée, un numéro vert et une mobilisation renforcée des concessionnaires ont été mis en place. Le groupe rappelle l’importance pour les automobilistes de tenir à jour leurs coordonnées dans la base ANTS pour être contactés efficacement.
Ford, Stellantis et les autres : mobilisation générale
Chez Ford, 72 000 véhicules sont concernés en France. La priorité est donnée aux interventions « stop drive » dans les ateliers. Le constructeur invite les automobilistes à vérifier leur éligibilité sur le site ford.fr. Au total, ce sont 30 marques, 215 modèles et 2,5 millions de véhicules, 6 % du parc roulant, qui sont visés par cette gigantesque campagne de rappel qui a injustement stigmatisée Stellantis. Les constructeurs, assureurs et autorités se disent pleinement mobilisés pour garantir la sécurité des automobilistes français.
L’État impose des mesures d’urgence pour renforcer la sécurité des conducteurs
Un arrêté publié au Journal officiel du 11 avril 2025 impose de nouvelles obligations aux constructeurs et importateurs de véhicules équipés d’airbags Takata contenant du nitrate d’ammonium en phase stabilisée (PSAN). Face au risque avéré d’explosion de ces dispositifs, l’exécutif renforce drastiquement la gestion des rappels et l’information des automobilistes.
Un risque de défaillance connu mais encore sous-estimé
Depuis plusieurs années, des millions de véhicules dans le monde ont été rappelés en raison d’un défaut majeur touchant certains airbags Takata. Le problème est désormais bien documenté : le vieillissement des générateurs de gaz à base de nitrate d’ammonium peut entraîner, sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, une explosion incontrôlée au déclenchement de l’airbag. Les conséquences peuvent être dramatiques, allant jusqu’à la projection de fragments métalliques dans l’habitacle.
Plusieurs accidents graves, parfois mortels, ont déjà eu lieu, y compris en France métropolitaine et dans les départements et régions d’outre-mer. Le gouvernement estime que les mesures de rappel mises en œuvre jusqu’à présent ne sont plus suffisantes au regard du danger.
Le « stop drive » désormais obligatoire
L’arrêté du 9 avril 2025 impose ainsi aux constructeurs et importateurs concernés la mise en place systématique d’un « stop drive » pour tout véhicule dont la durée de vie sûre des airbags Takata PSAN est dépassée. Cela signifie que les propriétaires doivent être formellement invités à cesser immédiatement d’utiliser leur véhicule jusqu’au remplacement du ou des airbags défectueux.
Cette mesure s’applique aux principales marques impliquées dans ce scandale mondial : Audi, BMW, Ford, Honda, Peugeot, Toyota, Volkswagen, et bien d’autres.
Une information renforcée des automobilistes
L’arrêté exige l’envoi d’un courrier individuel aux propriétaires concernés, décrivant les risques et demandant l’arrêt de la conduite. En cas de non-réponse, les constructeurs doivent activer tous les moyens à leur disposition pour retrouver les propriétaires, y compris via d’autres canaux de communication.
Par ailleurs, les constructeurs doivent maintenir un site internet permettant à tout usager de vérifier instantanément, grâce au numéro de série VIN, si son véhicule est concerné. Si c’est le cas, un message d’alerte doit clairement s’afficher, mentionnant les airbags à remplacer et la nécessité d’un arrêt immédiat.
Des sanctions financières dissuasives
L’arrêté fixe des astreintes lourdes en cas de non-respect des obligations :
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100 000 € par jour de retard pour l’envoi des courriers et la mise à jour des systèmes d’information,
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1 million € par jour pour la mise en place du suivi centralisé des remplacements.
Ce suivi doit garantir une traçabilité complète de chaque intervention, de la prise de rendez-vous au remplacement effectif des airbags. Une attestation officielle doit être remise au propriétaire dans les 24 heures suivant la réparation.
Un rappel d’ampleur inédite
Ce durcissement réglementaire vise à accélérer le remplacement des airbags Takata sur les véhicules circulant en France, alors que certains rappels peinent à mobiliser les automobilistes. Le gouvernement met ainsi la pression sur les constructeurs pour assurer la sécurité des usagers et éviter de nouveaux drames.
Avec ces nouvelles règles, la France se dote d’un cadre particulièrement strict, imposant à l’industrie automobile un devoir de transparence, de réactivité et de responsabilité renforcée.
Source : Auto Infos
Date : 03/07/2025
